L’espoir, à gauche, s’appelle Gustavo Petro, porté par une puissante soif de changement qui lui a valu, au premier tour, le résultat-record de 40% des suffrages exprimés !
Ajoutons que, s’il est élu, sa Vice-présidente s’appellera Francia Marquez, une Afro-Colombienne féministe, antiraciste et écologiste !
En face, un "homme d’affaires" de 77 ans, connu sous le sobriquet de "Trump colombien", a rallié tout ce que le pays compte de réactionnaires et de nostalgiques de la poigne de fer de l’ex-président Uribe.
Les deux camps sont au coude à coude, tout est donc possible, le 19 juin prochain, dans un sens comme dans l’autre.
Ce seul fait est en soi source de vives préoccupations à la Maison Blanche.
Et ce, d’autant plus cette perspective inattendue survient après bien d’autres victoires du camp progressiste dans l’ancienne "arrière-cour" des Etats-Unis : Mexique (2018), Argentine (2019), Bolivie (2020), Chili (2021), Pérou (2021), Honduras (2021)..., en attendant le possible retour du Président Lula à la présidence du Brésil, en octobre prochain !
Les impressionnantes mobilisations populaires de ces dernières années donnent une idée des attentes émancipatrices -notamment sociales, mais aussi sociétales, démocratiques et étiques- à satisfaire par les nouvelles équipes en place.
Mais parmi ces exigences figure également le refus des ingérences au nom des intérêts "géopolitiques" du puissant voisin.
C’est là que le bât blesse pour Joe Biden.
Coup sur coup, il vient d’essuyer un double revers dans sa volonté d’exercer son impérium sur cette partie du continent.
D’abord, concernant sa gestion "campiste" du conflit ukrainien : si l’Amérique latine a tout naturellement condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie, défendu le principe de souveraineté, demandé le retrait des troupes russes, elle n’a pas suivi Washington dans sa stratégie de puissance visant, par des sanctions sans précédent, à exclure la Russie du système international.
Ensuite, lors du 9ème "Sommet de l’Amérique" (réunissant en principe tous les Chefs d’Etat du continent ) , qui s’est tenu du 6 au 10 juin derniers à Los Angeles.
Le Président américain ayant décidé -pour flatter les "durs" du Congrès- de n’ inviter ni Cuba, ni le Venezuela ni le Nicaragua, le Président du Mexique, l’un des principaux partenaires économiques des Etats-Unis, a boycotté le Sommet, en expliquant "n’accepter l’hégémonie ni de la Chine, ni de la Russie ni d’aucun pays"...
D’autres défections suivirent : celles des pays des Caraïbes et du Honduras, notamment.
Pour la chercheuse Kevin Parthenay : "Washington doit désormais prendre conscience que les Etats-Unis ne font la pluie et le beau temps" [1] .
On ne saurait mieux dire.
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