Colombie : L’autre élection-phare du 19 Juin !

vendredi 17 juin 2022
par   Francis Wurtz
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Gageons qu’à Washington , dimanche prochain, les résultats de l’élection présidentielle de Colombie retiendront (presque) autant l’attention que le scrutin français du même jour ! C’est que, dans ce pays réputé pour sa violence endémique liée au narco-trafic, ses criantes inégalités, la pauvreté de masse et la répression impitoyable des mouvements sociaux, la droite -principale alliée des Etats-Unis dans toute l’Amérique latine - a des chances d’être chassée du pouvoir pour la première fois depuis...212 ans !

L’espoir, à gauche, s’appelle Gustavo Petro, porté par une puissante soif de changement qui lui a valu, au premier tour, le résultat-record de 40% des suffrages exprimés !
Ajoutons que, s’il est élu, sa Vice-présidente s’appellera Francia Marquez, une Afro-Colombienne féministe, antiraciste et écologiste !
En face, un "homme d’affaires" de 77 ans, connu sous le sobriquet de "Trump colombien", a rallié tout ce que le pays compte de réactionnaires et de nostalgiques de la poigne de fer de l’ex-président Uribe.
Les deux camps sont au coude à coude, tout est donc possible, le 19 juin prochain, dans un sens comme dans l’autre.
Ce seul fait est en soi source de vives préoccupations à la Maison Blanche.

Et ce, d’autant plus cette perspective inattendue survient après bien d’autres victoires du camp progressiste dans l’ancienne "arrière-cour" des Etats-Unis : Mexique (2018), Argentine (2019), Bolivie (2020), Chili (2021), Pérou (2021), Honduras (2021)..., en attendant le possible retour du Président Lula à la présidence du Brésil, en octobre prochain !
Les impressionnantes mobilisations populaires de ces dernières années donnent une idée des attentes émancipatrices -notamment sociales, mais aussi sociétales, démocratiques et étiques- à satisfaire par les nouvelles équipes en place.

Mais parmi ces exigences figure également le refus des ingérences au nom des intérêts "géopolitiques" du puissant voisin.

C’est là que le bât blesse pour Joe Biden.

Coup sur coup, il vient d’essuyer un double revers dans sa volonté d’exercer son impérium sur cette partie du continent.
D’abord, concernant sa gestion "campiste" du conflit ukrainien : si l’Amérique latine a tout naturellement condamné l’invasion de l’Ukraine par la Russie, défendu le principe de souveraineté, demandé le retrait des troupes russes, elle n’a pas suivi Washington dans sa stratégie de puissance visant, par des sanctions sans précédent, à exclure la Russie du système international.

Ensuite, lors du 9ème "Sommet de l’Amérique" (réunissant en principe tous les Chefs d’Etat du continent ) , qui s’est tenu du 6 au 10 juin derniers à Los Angeles.
Le Président américain ayant décidé -pour flatter les "durs" du Congrès- de n’ inviter ni Cuba, ni le Venezuela ni le Nicaragua, le Président du Mexique, l’un des principaux partenaires économiques des Etats-Unis, a boycotté le Sommet, en expliquant "n’accepter l’hégémonie ni de la Chine, ni de la Russie ni d’aucun pays"...

D’autres défections suivirent : celles des pays des Caraïbes et du Honduras, notamment.
Pour la chercheuse Kevin Parthenay : "Washington doit désormais prendre conscience que les Etats-Unis ne font la pluie et le beau temps" [1] .

On ne saurait mieux dire.


[1Chercheuse au Centre d’Etudes et de Recherches Internationales (sur TV5 Monde, le 7/6/2022)


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