Mais notre débat est public... Qui a peur de la démocratie ?
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Ma contribution au débat qui prépare le 39ᵉ congrès du Parti communiste français.
Toutes les contributions figurent sur le site du PCF. Seuls les militants peuvent participer mais notre débat est public. Qui a peur de la démocratie ?
QUESTIONS SUR "’LA PONTE" DE TEXTES.
À ce stade, on s’interroge sur la pertinence et rigueur des statuts qui conditionnent la présentation de textes alternatifs.
Comment améliorer nos débats, donner à voir notre ambition de démocratie, aider à parfaire le besoin d’unité dans la réflexion et l’action ? Dans quelles conditions et à quelles conditions ?
Comment éviter que cela cristallise les divergences, les déguise en combats de clans et de notoriétés, sème la confusion au lieu de permettre l’énoncé précis des interrogations et des réponses, mise en clarté et approfondissement, pour faciliter la participation de chaque militant ? En effet, un congrès est aussi un moment de pédagogie pour les militants et tous ceux qui nous regardent.
Nous avons des questions communes, des réponses différentes. Sécurité, emploi-formation ou salaire à vie ; Communisme déjà là où conquis sociaux toujours remis en cause, énorme accumulation de connaissances, progrès des révolutions scientifiques et techniques mais toujours mis au profit du renforcement du capitalisme financiarisé ; La Nupes, outil électoral, cadre d’action parlementaire commun, ou enseigne sous laquelle nous serions sommés, encore une fois et au forceps, de rassembler-le futur rassemblement ?
Et de quel rassemblement s’agit-il ? Celui qui unit et mobilise le peuple contre droite et extrême-droite en lui rendant son rôle souverain ? Où va-t-on encore faire de lui le spectateur et électeur d’un programme, négocié entre quatre yeux (en paralysant au passage une bonne part de la force militante communiste) mais baptisé, grâce à la méthode Coué, nouveau Front populaire ?
Quelle garantie de changement quand, dans l’affrontement avec la finance, manque la force consciente et agissante ?
Et nous, les communistes, sommes-nous les éternels supplétifs et propagandistes d’un prétendu changement qui, comme on l’a vu, indiffère 13 millions d’électeurs avant de rejeter dans l’inertie et le fatalisme bon nombre des autres ? Et si le changement est bien autre chose que la seule conquête et répétition de gouvernements de gauche qui alimentent la délégation de pouvoir, renforcent le pouvoir du capitalisme pour semer désillusion et impuissance, que signifie être un parti révolutionnaire aujourd’hui ?
Être au service de la dynamique du rassemblement, dont le ferment et la garantie sont la mobilisation populaire, nous interdit de devenir serviteurs des-marchands d’illusions.
DÉBAT OU DROIT DE VETO ?
Dans la commission chargée de l’élaboration de la base commune figuraient toutes les opinions. Elle a travaillé pendant des mois. Le texte a été adopté par une majorité. Résultat sans doute des longues discussions, c’est un texte lourd. Peut-être, avec des statuts plus rigoureux, aurait-on pu réaliser une seconde écriture plus facile à discuter et à amender ? Cependant, cette base entérine des analyses et positions majoritaires dans le parti, renforcées d’ailleurs par la résurgence de la force militante après les dernières élections. Elle permettait, à partir des décisions du 38ᵉ congrès et l’analyse de l’activité depuis, toutes les discussions, l’expression de toutes les divergences en cellule, section, fédération.
Le texte n’était pas encore à disposition de tous les militants que l’on lisait déjà ici et là qu’« il n’est pas amendable ».
Alors même que les statuts prévoient quelques semaines pour son appropriation générale, on a assisté à un pilonnage en règle. Le pompon revient à un mail de recrutement pour le texte alternatif qui a circulé pour dénigrer le travail de la commission et la base commune, qualifiée de « texte pondu par l’actuelle direction ». Après sa lecture, puis observation de la genèse et lecture du texte alternatif, on conclue que le second a pour principal objectif de parasiter l’appropriation du premier, de focaliser le débat sur la tactique électorale et de rabougrir la définition du rassemblement en le réduisant à l’embrigadement dans la Nupes.
En fait, « ce qui n’est pas amendable » et que les auteurs du texte alternatif refusent, c’est le résultat du précédent congrès. Comme cela ne peut être formulé ainsi, ce serait prendre les militants à rebrousse-poil, le " non amendable » devient véto et se passe de justification.
CUBA, LIGNE DE FRONT, LIGNE DE FAILLE ?
Ce texte qui comporte, par ailleurs, des analyses que l’on peut partager mais aussi des fractures plus sévères (On aurait tort de « prioriser » les mouvements sociaux ?) révèle aussi la difficulté à se mettre d’accord de camarades que d’autres questions fondamentales séparent.
Comme révélateur de bien étranges compromis, on note l’absence de Cuba dans l’énumération de nos solidarités (La Palestine, les Kurdes, le peuple Sahraoui, les Arméniens et Irlandais en lutte pour la réunification).
On se demande si ce qui pourrait être qualifié d’oubli n’est pas au contraire lourd de sens. La solidarité avec Cuba, en proie au blocus depuis que sa révolution existe et résiste, est, en politique internationale, une des lignes de front du PCF, devenue un temps, ligne de faille.
En cette veille de 39ᵉ congrès, pour la première fois depuis longtemps, un secrétaire national du PCF a rencontré le président de Cuba. La visite est mise en exergue par « l’oubli » de Cuba dans le texte alternatif. D’autant plus que ce texte est signé par les principaux responsables de la politique internationale. Comme la plupart ont de longues trajectoires de militants et de dirigeants, l’oubli n’a pu leur échapper et signifie un renoncement.
Ceci explique sans doute cela, parmi les signataires de ce texte alternatif, figurent des camarades qui, au moment de « la période spéciale », alors que l’île se retrouvait isolée comme jamais, avaient tenté de faire basculer le parti chez les donneurs de leçons des Droits de l’homme au sens étroit de leur définition dans « le monde libre ».
Ce fait, très remarqué dans les milieux de la solidarité et dont on paye encore les conséquences, était devenu une sorte de symbole de la dérive du PCF. Cela a sans doute échappé à des militants, signataires du texte, mais par ailleurs solidaires de Cuba.
Les courants existent tout comme leur possibilité de s’exprimer dans un texte différent. Cependant, où est la crédibilité d’un texte alternatif quand il apparaît comme base opportuniste de compromissions et ralliement d’oppositions diverses ?
En l’occurrence, la cible désignée est « l’actuelle direction », formulation qui, même à partir de motifs politiques différents, masque le refus du 38ᵉ congrès. C’est ce dernier qui a permis la réapparition du Parti communiste et de sa force militante. Ce congrès a eu lieu ; Que l’on sache, l’ordre du jour est de le parfaire et de l’approfondir, pas de le refaire sans même l’annoncer.
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